Avec la douceur printanière, le
risque de piqûre pour les grumes et billons de sapin ou d’épicéa stockées sur place
de dépôt va apparaître… c’est l’occasion de faire quelques rappels sur le
traitement des bois et les règles à mettre en œuvre.
La piqûre, c’est quoi ?
Derrière ce terme générique se
trouve un insecte, le scolyte liseré. Pendant son cycle de reproduction, il
creuse des galeries dans le bois (jusqu’à 10 cm) qui sont ensuite rapidement
envahies par des champignons responsables de la dépréciation du bois. Les
attaques sont limitées à la période d’essaimage du scolyte, soit environ 2 mois
entre mi-mars et mi-juin selon les conditions météorologiques. Durant cette
période, des traitements préventifs et curatifs sont possibles sur place de
dépôt. Ces interventions raisonnées se font dans un cadre réglementaire strict
et selon des modalités techniques précises pour obtenir une bonne efficacité
tout en limitant au maximum les risques liés à l’utilisation des produits
phytosanitaires.
Ces traitements sont réalisés par
pulvérisation d’un des produits phytopharmaceutiques autorisés pour l’usage
« Forêt-Traitement des bois abattus ». Actuellement, il existe 2
substances actives homologuées, la cyperméthrine et la lambda-cyalothrine,
déclinées sur 3 spécialités commerciales (Forester, Profore et Karaté Forêt).
Que dit la réglementation ?
Les
entreprises qui vendent ces produits, qui conseillent sur leurs utilisations ou
qui les appliquent en prestation de services, doivent obtenir un agrément du ministère en charge de la
forêt (DRAAF). Pour cela, elles doivent obtenir une certification, posséder un
contrat avec un organisme certificateur agréé et avoir une assurance
responsabilité civile professionnelle couvrant les activités soumises à
agrément. Des audits de contrôle et de certification sont alors régulièrement
réalisés. Un suivi des achats et des stocks de produits phytosanitaires est à
assurer. Les personnels de ces entreprises doivent également obtenir le
certificat individuel dit « Certiphyto » correspondant à leur
activité.
Les
propriétaires forestiers et les exploitants qui traitent leur propre bois
devront également avoir leur « Certiphyto » à partir du 26 novembre
2015. D’ici là, pour acheter les produits, ils doivent justifier de leur
qualité de professionnel par la fourniture d’un numéro SIREN avec une activité
sylviculture (code NAF : A02.1) ou en produisant une référence à un
document de gestion durable défini dans le Code Forestier.
Quelles sont les pratiques réglementaires ?
Toutes ces dispositions ont pour
objectif la réduction et l’amélioration de l’utilisation des produits
phytosanitaires. Parmi les recommandations communes, rappelons les
principales :
·
Respecter les doses indiquées dans les fiches
techniques des produits, voire les réduire. En effet, l’expérience de certains
montre qu’il est possible de traiter efficacement avec des doses moindres. Signaler
les piles de bois traitées car le produit a un « délai de rentrée »
de 48 h : pendant cette durée, personne ne doit accéder aux lieux où a été
appliqué le produit.
·
Respecter les ZNT (Zones Non Traitées) par
rapport à un point d’eau : fixée à 5 m sur les fiches techniques des
produits, la distance minimale d’application est portée à 6 m dans le cadre de
la certification PEFC et à 10 m par le règlement national d’exploitation de
l’ONF.
·
Vérifier que le bois à traiter n’est pas situé
dans un périmètre rapproché de protection de captage d’eau potable, où les
traitements sont interdits.
·
Connaître les volumes à traiter pour bien
déterminer le volume de bouillie à préparer et ainsi ne pas avoir d’excédents à
gérer comme déchets.
·
Ne pas traiter en cas de fort ensoleillement, de
chaleur ou de vent. La réglementation interdit tout traitement avec un vent
supérieur à 19 Km/h.
·
Vérifier le bon fonctionnement du matériel et
faire son étalonnage.
·
Eliminer les emballages vides par les services
de collecte spécifique et les eaux de rinçage et de lavage du matériel de
traitement selon les règles en vigueur.
Quelles techniques alternatives à envisager ?
La première alternative consiste
à réduire le recours à ces traitements et pour cela, à limiter au maximum les
volumes de bois stockés sur place de dépôt en période sensible soit en les
évacuant directement vers les parcs à grumes des scieries et industries du
bois, soit en décalant lorsque cela est possible les exploitations.
Le stockage sous arrosage, pour
les scieries qui ont conservé leurs aires, peut être une alternative mais les
coûts sont toutefois plus importants. Enfin, de nouvelles techniques méritent
d’être étudiées, telles que l’utilisation de filets imprégnés qui se pratique
en Suisse, mais les produits actuellement utilisés ne sont pas homologués en
France.
Les volumes de bois traités sur
place de dépôt représentent une très faible proportion du volume total
exploité. Bien que l’impact de ces traitements sur le milieu naturel soit
limité, les forestiers ne doivent toutefois pas sous-estimer les conséquences
de l’utilisation de ces produits. Les problèmes de pollution de nos rivières
karstiques sont multifactoriels et relèvent d’une responsabilité collective. Il
est donc important que chaque acteur de la filière s’approprie et mette en
œuvre ces bonnes pratiques. Elles contribuent à la crédibilité de la gestion
durable des forêts que nous revendiquons.
Comité d’Orientation Forêt Bois/DRAAF
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