samedi 23 octobre 2010

Hervé Gaymard pour une véritable politique industrielle de la filière bois


Le Président de la République avait signé une lettre de mission à Hervé Gaymard en janvier dernier. Le nouveau Président du conseil d'administration de l'Office National des Forêts était ainsi chargé de formuler des propositions pour l'avenir de l'établissement public.

Un rapport sur l'ONF qui cite les coopératives forestières pourrait en surprendre plus d'un tellement l'administration forestière est omniprésente dans les esprits bien devant une forêt privée qui peine à être identifiée, parfois même au sein de la filière bois.

Pour notre part nous ne sommes pas surpris car depuis quelques années les coopératives forestières, Forêts & Bois de l'Est tout particulièrement, et l'ONF ont appris à se connaître et à travailler ensemble.

Nous voyons même de nombreuses raisons d'espérer que le travail en commun des gestionnaires forestiers publics et privés permette enfin de réformer une filière bois française ressemblant à celle d'un pays sous développé comme le souligne Hervé Gaymard.

Tout, dans le rapport de l'ancien ministre de l'agriculture, puis des finances, va dans le sens de la politique menée par les coopératives forestières :

Tout d'abord pour ce qui concerne le mode de commercialisation en France qui est jugé obsolète et doit donc être réformé par le développement des contrats d'approvisionnement industriel. L'objectif fixé pour la forêt publique sera d'atteindre à court terme 90% de la commercialisation des résineux et 60% des feuillus sous cette forme. Cette impulsion va enfin permettre à l'industrie de 1ère transformation de se tourner vers son outil de production et l'aval de sa filière plutôt que de se préoccuper principalement de son approvisionnement en forêt. Il restera à la forêt privée d'emboîter le pas de cette évolution majeure. Les coopératives forestières sont en capacité depuis de nombreuses années et n'attendent que d'être rejointes par les autres opérateurs de la gestion forestière pour transformer l'essai.

Concernant la filière bois énergie, le président de l'ONF préconise le renforcement des activités filialisées de l'établissement dans ce domaine. Filiales avec lesquelles Forêts & Bois de l'Est collabore depuis plusieurs années. Mais il indique aussi que le bon approvisionnement de toutes les filières est à préserver. Celle des panneaux, des pâtes et papier et bien entendu des bois d'œuvre. C'est également une direction que nous avons pris depuis le départ de nos propres activités dans le bois énergie. Pour nous, s'il faut une saine concurrence entre ces filières il est nécessaire d'en préserver toute la diversité. Tout simplement parce que les activité industrielles seront toujours plus créatrices de valeur ajouté que celles de l'énergie.

Le rapport met également en lumière la nécessité de renforcer l'investissement industriel de la filière bois nationale. C'est le même constat fait en 2008 déjà par le Haut Conseil de la Coopération Agricole qui soulignait le déficit inquiétant d'investissement en France dans l'industrie du bois et la modeste taille de cette industrie comparée aux autres concurrents européens de la France.

Dans ce rapport on peut enfin citer :
- l'idée que la forêt devrait être éligible aux systèmes de quotas européens du carbone au regard de leur action de captation de ce gaz à effet de serre.
- la proposition qu'un fonds de 100 millions d'euros par an soit mobilisé pour réaliser les investissements forestiers nécessaires aussi bien en forêt publique qu'en forêt privée.
- la nécessité de capitaliser l'ONF à hauteur de ses ambitions pour la transformer en entreprise publique de premier rang
- la réduction du nombre de membres de son conseil d'administration, la redéfinition de ses fonctions et la fusion des fonctions de Président et de Directeur en celle de Président Directeur Général.
- la volonté d'un renforcement des relations avec les communes forestières, la forêt privée dans son ensemble, les industries avals, les ONG.
- le renforcement du dialogue social en interne.

Nous sommes pour notre part convaincus que l'ensemble de ces mesures vont dans le sens du progrès et qu'elles susciteront les évolutions nécessaires à la modernisation de notre filière. Il reste juste une inconnue de taille : qui sera chargé de la mise en œuvre de cette politique ?

Le Président de la République saisira-t-il la balle au bond et proposera-t-il de réformer la gouvernance de l'ONF aboutissant à la nomination d'un PDG ? Celui ci pourrait alors être Hervé Gaymard lui même. Ou bien, comme cela est évoqué depuis le départ de Pierre Olivier Drèges en septembre, nommera-t-il un directeur immédiatement après le prochain remaniement ministériel ? En tout cas, dans les milieux forestiers, aucun nom ne circule quant à l'identité du prochain directeur. De sa stature et de sa détermination dépendra la réalité des réformes proposées.

Téléchargez le rapport Gaymard

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