Le conseil des ministres vient de publier un communiqué sur la politique forestière du gouvernement qui se veut la déclinaison opérationnelle du discours du Président de la République à Urmatt au printemps 2009.
Un volet du projet de la loi de modernisation agricole qui sera bientôt soumis au parlement fait état d'un certain nombre de nouvelles dispositions intéressant la filière forêt bois.
Ce document rappelle la situation paradoxale de la France qui est un des pays de l'Union Européenne le plus riche en forêts mais aussi celui qui enregistre un des plus importants déficit de la balance commerciale de sa filière bois. Il rappelle les objectifs qui sont d'accroître de 40% la récolte de bois en France à l'horizon 2020, tout en préservant la gestion durable des forêts.
Parmi les mesures qui concernent les producteurs forestiers, notons la volonté de dynamiser l'usage du bois dans la construction, le développement de la filière bois énergie et de conforter l'industrie. Notons encore l'accent mis sur la forêt privée et la mobilisation effective du bois prévus dans les documents de gestion durable des forêts (Plans simples de gestion et Réglements Types de Gestion). Les aides, notamment fiscales seront désormais soumises à l'obligation de démontrer l'exploitation effective de la forêt (voir notre article sur les dispositions arrêtées par décret le 19 mai 2010).
Il est encore question de la mise en place de plans régionaux de développement forestier pour coordonner les efforts de mobilisation sur les massifs forestiers sous exploités ainsi que du renforcement des interprofessions.
Ces mesures nous semblent cohérentes, sous réserve qu'elles soient effectivement mises en oeuvre et contrôlées.
Une dernière mesure, exposée vaguement dans ce communiqué, nous interpelle par contre. Il s'agit du renforcement du regroupement de l'offre en bois pour un meilleur approvisonnement de l'industrie de première transformation. Enfin ! serait on tenté de s'exclamer lorsque comme les coopératives forestières nous oeuvrons dans ce sens contre vents et marées depuis plus de 20 ans. Malheureusement, à y regarder de plus près, cette déclaration est trop belle pour ne pas receller une toute autre démarche que nous ne pouvons que déplorer.
Pour quelqu'un de normalement constitué, regrouper l'offre pour mieux approvisionner l'industrie signifie regrouper les propriétaires forestiers dans des organisations structurées capables de contractualiser leurs approvisionnements avec les utilisateurs de la matière. Et bien non, en l'état actuel du projet de loi, le raisonnement est de multiplier les intervenants reconnus en forêt privée, qu'ils apportent une capacité structurante et des garanties de gestion durable ou non. C'est à dire que demain il se passera...strictement la même chose qu'aujourd'hui. Au mieux, les propriétaires forestiers qui travaillaient seuls directement avec les exploitants forestiers seront incités à passer par des intermédiaires dont la seule valeur ajoutée sera d'apporter du conseil à ces propriétaires déjà actifs. Encore faudra-t-il que ces intermédiaires justifient de compétences et d'impartialité suffisante, ce que ne semble absolument pas prendre en compte les textes.
Pour commercialiser, ils devront passer par le système des exploitants forestiers qui existe déjà et rempli son office dans la tradition de la forêt française avec les résultats paradoxaux cités plus haut. Difficile dans ces conditions de voir quel bénéfice pourra se dégager de cette mesure pour la filière. Probablement pas d'augmenter la mobilisation du bois de la forêt privée car ces intervenants iront fatalement vers les producteurs déjà actifs et n'auront aucun intérêt à prospecter à grand frais de nouveaux entrants. Le plus cocasse est que les exploitants forestiers s'engouffrent dans la brèche pour être reconnus eux mêmes comme des gestionnaires forestiers. Si leurs compétences dans le process de récolte et de commercialisation ne sont pas à remettre en cause, il convient de se poser la question encore une fois de la pertinence de la mesure au regard de l'objectif énoncé. Cette profession est déjà largement active et ormis leur octroyer une reconnaissance qui servira leur intérêt propre, cette option si elle est retenue, n'apportera à l'évidence pas un mètre cube de bois supplémentaire au marché.
Cette mesure représente la plus grande négation qu'on pouvait imaginer du travail de structuration réalisé par par les coopératives forestières françaises depuis plus de 20 ans. Il est consternant de découvrir que ce n'est que dans les crises générées par les tempêtes que la filière et le gouvernement se rendent compte du service qu'elles apportent aux producteurs forestiers, mais aussi à toute la filière.
Consultez le communiqué du conseil des ministres
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